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At Takwa Allah
17 février 2015

4. Mohamad(saw) Le contexte Mecquois

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On a expliqué comment la tribu des Quraysh vint à s'imposer en Arabie en obtenant la suprématie à La Mecque. C'était son ancêtre, Qusayy ibn Kilâb, qui avait établi à La Mecque la domination de sa tribu et fondé de nombreuses institutions gouvernementales encore actives à l'époque où le Prophètecommença à recevoir son message. Le niveau de gouvernement était assez avancé pour l'époque et aida La Mecque à se transformer d'une ville semi-nomade en une cité civilisée.Le système de gouvernement permettait une distribution équilibrée des responsabilités et des fonctions, ainsi qu'un gouvernement par consensus, résultant généralement d'une consultation ouverte. Dans son ouvrage d'érudition sur la vie du Prophète, le cheikh Abu al-Hasan Alî al-Hasanî Nadwî consacre un chapitre entier à l'analyse de la situation à La Mecque durant la période précédant immédiatement le début de la Révélation.Il évoque le fait que la suprématie des Quraysh à La Mecque poussa un certain nombre de tribus arabes plus petites à s'y installer, pour vivre dans le voisinage de la Ka'ba, la Mosquée Sacrée. Cela permit le développement d'une industrie de la construction prospère et l'expansion de La Mecque dans toutes les directions. Les Mecquois évitaient au départ de construire des habitations de forme carrée, afin de les différencier de la Ka'ba. Ils abandonnèrent peu à peu cette restriction, mais continuèrent toutefois à ne pas construire de bâtiments plus hauts que la Ka'ba.Comme nous l'avons dit précédemment, les Quraysh organisaient deux expéditions commerciales par an : l'une en Syrie en été, l'autre au Yémen en hiver. Ces deux voyages formaient la base de l'économie de la cité. En outre, comme le souligne le Professeur Nadwî, un certain nombre de foires et de marchés saisonniers étaient organisés à La Mecque, ainsi que des marchés spécialisés qui fonctionnaient toute l'année. Les marchands mecquois voyageaient dans diverses régions de l'Afrique et de l'Asie, ce qui encourageait un commerce extérieur très actif.Ce commerce prospère assurait à de nombreux Mecquois une vie affluente. La richesse s'accompagne habituellement de différents traits liés à une vie luxueuse : les riches Mecquois se réunissaient près de la Ka'ba, avec parmi eux des poètes qui récitaient leurs poèmes. La poésie était alors la forme littéraire la plus respectée, l'immense majorité des Arabes de l'époque ne sachant ni lire ni écrire. La poésie était un talent national et individuel auquel on attachait une grande valeur. Dans une société tribale, il est en effet très important que chaque individu connaisse bien sa tribu et ses origines, car la tribu garantit sa protection à chacun de ses membres. Un individu dépourvu d'une telle protection s'exposerait à d'immenses difficultés.Chacun s'intéressait donc à la connaissance de ses ancêtres. Cette insistance sur la lignée et les ancêtres se perpétuait à La Mecque : certaines personnes, dont Abu Bakr, le plus proche Compagnon du Prophète, avaient pour tâche de contrôler la lignée de chaque tribu.La Mecque présentait de nombreux éléments de civilisation, et plusieurs aspects de la science avaient commencé à s'y développer, comme l'astronomie et une médecine rudimentaire. Les gens attachaient une grande valeur à leurs chevaux et en possédaient une connaissance approfondie. Les industries étaient cependant rares à La Mecque car ses habitants n'aimaient pas travailler de leurs mains. Seuls les métiers artisanaux absolument indispensables avaient pu se développer : la manufacture des sabres et des lances nécessaires au combat, par exemple, ou encore les métiers de la construction.Néanmoins, la plupart des ouvriers du bâtiment étaient perses ou byzantins. Du point de vue militaire, les Quraysh avaient les moyens de repousser toute attaque éventuelle. Ils ne comptaient pas uniquement sur leur propre nombre mais avaient établi des alliances avec un grand nombre des tribus arabes qui vivaient près de La Mecque. Les Quraysh pouvaient en outre compter sur leurs nombreux esclaves et sur tous les individus qui étaient alliés aux divers clans issus de Quraysh.Tous se rangeraient du côté de Quraysh si un conflit éclatait. L'armée levée par les Quraysh et leurs alliés lors de la Bataille du Fossé comptait dix mille hommes : c'était la plus importante force militaire jamais connue dans la péninsule arabique. Cependant, les Quraysh avaient tendance à préférer une vie calme et paisible. Ils étaient toujours disposés à vivre en paix avec leurs voisins, dans la mesure où leur position et leurs croyances religieuses n'étaient pas remises en cause. Lorsqu'ils rencontraient une menace, ils étaient toujours prêts à y faire face en comptant sur leur supériorité numérique.La Mecque était la plus grande cité d'Arabie : elle en était la capitale religieuse et économique, devant d'autres cités comme San'a au Yémen ou des centres du nord soumis à la domination perse ou byzantine.Sur le plan moral, cependant, la vie à La Mecque laissait beaucoup à désirer. L'affluence dont jouissaient les Mecquois les incitait à s'adonner à toutes sortes de vices. Le jeu, la boisson, et toutes sortes de divertissements organisés où régnait la débauche la plus outrancière, étaient monnaie courante. Avec cela, les Mecquois n'étaient guère scrupuleux dans leurs relations avec les autres : la cruauté, l'injustice et la spoliation d'autrui par la force restaient impunies. Il en résultait inévitablement des tensions, qui ne pouvaient que saper les fondements de la société mecquoise.Grâce à la richesse dont jouissaient les Mecquois et au fait que cette richesse provenait essentiellement du commerce extérieur, ils disposaient de beaucoup de temps libre. Comme nous l'avons dit précédemment, rares étaient les Mecquois qui pratiquaient un autre métier que le commerce, qui consistait principalement à organiser des caravanes commerciales et des missions avec lesquelles partaient seulement ceux qui possédaient une expérience solide de ce type de commerce, ainsi que le nombre nécessaire d'assistants, de porteurs et de chameliers. La plus grande caravane que les Mecquois aient envoyée fut peut-être celle que les musulmans de Médine tentèrent d'intercepter peu après que le Prophètes'y fut installé, une tentative qui donna lieu à la bataille de Badr où les musulmans obtinrent une grande victoire.Cette caravane était composée d'un millier de chargements de chameaux, accompagnés par seulement trois cents personnes. Un grand nombre de notables de La Mecque partaient avec ces caravanes lorsqu'ils étaient encore très jeunes, parce que ces voyages leur apportaient une grande expérience. Lorsqu'ils en avaient assez, ils confiaient la tâche à leurs enfants ou à ceux de leurs assistants qui s'étaient distingués dans le commerce. Nous avons un exemple de ces hommes compétents qui représentaient les notables de La Mecque dans les expéditions commerciales en la personne de Suhayb, qui voyageait pour le compte de Abdullâh ibn Jud'an, l'un des hommes les plus riches de La Mecque. Suhayb, un ancien esclave, acquit une fortune considérable en recevant des commissions, puis commença ensuite à investir son propre capital.La vie étant si facile à La Mecque, il était inévitable que les vices sociaux se répandent et deviennent monnaie courante. On passait beaucoup de temps à rechercher le plaisir sous ses différentes formes. Les idées religieuses et les valeurs morales étaient au plus bas. Bien avant la naissance du Prophète, les Arabes avaient commencé à dévier de la foi pure d'Abraham et Ismaël. Avec le temps, leurs croyances religieuses finirent par ne présenter qu'une très vague ressemblance avec la foi prêchée par les prophètes.Les Arabes avaient imité les pratiques idolâtres d'autres nations et oublié leur foi monothéiste, enseignée par Abraham et Ismaël. Les idoles étaient omniprésentes, dans toutes les tribus. Certaines idoles étaient vénérées par tous les Arabes, tandis que d'autres étaient considérées comme les divinités particulières de tribus précises. Certaines familles avaient leurs propres idoles, et lorsque les gens partaient en voyage, ils emmenaient parfois leur idole avec eux pour leur procurer des bienfaits.Les Arabes adoraient ces idoles, qui n'étaient pourtant que des objets inanimés : ils leur offraient des sacrifices, les consultaient au sujet de leurs affaires et leur attribuaient une part de leur bétail et du produit de leurs terres. Ils affectaient certaines idoles à certaines tâches : les unes avaient pour spécialité d'amener la pluie ou de faire souffler le vent, les autres de donner une progéniture aux parents, de guérir les maladies ou encore d'épargner à la communauté des maux comme la famine, etc. Afin de surmonter le fait évident que ces idoles n'étaient rien de plus que des objets qu'ils fabriquaient eux mêmes, les Arabes leur attribuaient une position intermédiaire entre eux-mêmes et Dieu.Les idoles servaient d'intercesseurs, intervenant pour eux auprès de Dieu pour qu'il ne les punisse pas trop sévèrement de leurs péchés. Il y avait trois cent soixante idoles dans la Ka'ba et autour. Les principales étaient Hubal, al-Lât et al-'Uzzâ, qui étaient considérées comme les chefs de toutes les idoles arabes. Hubal était une statue de cornaline rouge, de forme humaine. Lorsque les Quraysh prirent le contrôle de La Mecque, ils trouvèrent Hubal avec un bras cassé : ils le remplacèrent par un bras en or. C'était l'idole suprême. Al-Lât se trouvait à Tâ'if, tandis que al-'Uzzâ avait sa propre place près de Arafat.

Quand ils s'apprêtaient à se lancer dans une entreprise importante, les Arabes se rendaient à la Ka'ba et donnaient à un homme chargé des tirages au sort une somme d'argent et un chameau pour qu'il tire au sort avec l'aide de Hubal. Ils acceptaient la décision sans discussion. De même, si un crime était commis et qu'ils ne pouvaient en déterminer l'auteur, ils tiraient au sort. Si le résultat accusait quelqu'un, il était considéré comme le criminel et n'avait aucune possibilité de prouver son innocence.
L'une de leurs croyances les plus absurdes était que Dieu S'était marié aux djinns et avait eu comme filles les anges. Ils adoraient donc les anges, qu'ils considéraient comme les filles de Dieu, et les djinns qu'ils prétendaient être liés à Dieu par le mariage. Ils craignaient beaucoup les djinns, qu'ils considéraient comme de mauvais esprits dont le but principal était de faire du mal. Ils essayaient d'éviter ce mal en portant des amulettes et en recherchant la protection des maîtres des djinns.
Pour eux, la folie et les troubles mentaux étaient l'oeuvre des djinns, et chaque devin avait pour compagnon un djinn qui lui donnait des nouvelles de l'au-delà. Ils se figuraient aussi que chaque poète possédait un djinn qui lui inspirait sa poésie. Ils croyaient également à toutes sortes de superstitions. Par exemple, lorsque quelqu'un était tué, son esprit s'incarnait dans un certain type d'oiseau, appelé al-Hâma, qui tournoyait autour de sa tombe en demandant à boire jusqu'à ce que le meurtre soit vengé.
Les femmes étaient traitées comme inférieures aux hommes. Elles n'avaient droit à aucune part d'héritage, mais étaient elles-mêmes traitées comme faisant partie de l'héritage du défunt. L'héritier disposait à sa guise de la femme du défunt. Il l'épousait sans même lui demander son avis, s'il le souhaitait. Il pouvait aussi la donner en mariage à qui il voulait, sans même lui demander si elle désirait se marier. Un homme pouvait épouser un nombre illimité de femmes, les répudier à volonté et même parfois les laisser dans une situation telle qu'elles n'étaient ni mariées, ni répudiées.
La naissance d'une fille était accueillie sombrement. Pour un père, la naissance d'une fille n'était rien de moins qu'un désastre : cela était dû au fait que les femmes ne combattaient pas dans les guerres tribales et ne gagnaient pas leur vie. Certains se cachaient même pendant des jours, tant était grande leur honte d'avoir conçu des filles. Les fillettes étaient enterrées vivantes par leurs parents car elles représentaient un fardeau financier. Ces enterrements étaient parfois même stipulés dans les contrats de mariage.
Il n'est pas étonnant que les plaisirs de ce monde aient été ce que les Arabes de l'époque avaient de plus cher. Ils pensaient que la mort était la fin absolue de la vie : la résurrection était jugée totalement impossible. Suggérer que les morts puissent revenir à la vie était considéré comme de la folie. Pourtant, les Arabes n'étaient pas dépourvus de vertus. Ils attachaient une grande valeur à la bravoure, à la fidélité, à la sincérité et à l'hospitalité. Ces vertus n'étaient toutefois pas assez solidement ancrées pour susciter un ordre social noble. Elles étaient supplantées par les considérations mesquines et la recherche du plaisir qui caractérisaient cette société.
Ces croyances religieuses absurdes avaient suscité des confusions et des innovations dans de nombreux aspects du culte. On sait, par exemple, que le pèlerinage à la Ka'ba fut pratiqué sans interruption depuis qu'Abraham, sur l'ordre de Dieu, annonça à l'humanité que ce pèlerinage était un devoir pour tous. D'autres nations avaient totalement abandonné ce devoir, mais il continuait d'être accompli en Arabie malgré les changements qui s'étaient infiltrés dans les croyances religieuses, transformant en polythéistes ceux qui avaient autrefois cru en l'unicité divine.
Les Quraysh avaient néanmoins introduit des innovations dans les rites du pèlerinage. Bien qu'on ne puisse pas dater exactement ces innovations, elles furent probablement introduites un demi-siècle environ avant le début des révélations coraniques. Il est bien connu que certains rites du pèlerinage sont accomplis en dehors du périmètre sacré, qui s'étend dans un rayon de vingt kilomètres environ autour de la Ka'ba. La station d'Arafat, qui est le rite central du pèlerinage, en fait partie puisque Arafat se situe au-delà du périmètre sacré.
Tout le monde sait qu'aucun pèlerinage n'est valable si le pèlerin n'était pas présent à Arafat le 9 de dhul-hijja, le dernier mois de l'année lunaire. Les Quraysh avaient cependant décrété qu'eux mêmes étaient exemptés de cette présence à Arafat.

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